En Guinée, l’ombre de l’incertitude plane sur la disparition de Habib Marouane Camara, journaliste et fondateur du site d’information Lerévélateur224.com. Arrêté le 3 décembre 2024 à Conakry, il demeure introuvable depuis, plongeant sa famille dans une angoisse insupportable. Face à cette détresse, son épouse, Mariama Lamarana Diallo, a décidé de briser le silence en s’adressant directement au président de la République, le général Mamadi Doumbouya.
Depuis l’arrestation de son mari, Mme Diallo multiplie les démarches auprès des institutions judiciaires et sécuritaires du pays : tribunal de Dixinn, Cour d’appel de Conakry, Direction centrale de la Police judiciaire, Haut commandement de la gendarmerie. Toutes ces portes sont restées closes. Aucune information, aucun signe de vie. L’opacité du système étouffe l’espoir et nourrit l’inquiétude.
Dans une lettre poignante, elle interpelle le chef de l’État, lui rappelant les valeurs qu’il a lui-même proclamées lors de son discours du 5 septembre 2021 : respect des droits humains, protection des citoyens et justice équitable. « Vous êtes un époux et un père, vous comprenez donc la douleur d’une femme privée de son mari et des enfants séparés de leur père », écrit-elle, dressant un tableau d’un quotidien transformé en cauchemar.
Cette situation dépasse le drame personnel. Elle interpelle la conscience collective et met à nu les failles d’un État censé protéger ses citoyens. Un journaliste enlevé dans des conditions obscures, une famille sans nouvelles, une nation qui attend des réponses : autant d’éléments qui ternissent l’image du régime actuel.
La santé fragile de Habib Marouane Camara rend son absence encore plus alarmante. Privé de ses médicaments essentiels, il court un danger mortel. « Je crains que sa santé ne se dégrade gravement, menaçant sa vie », avertit son épouse, dans un dernier sursaut d’espoir.
Ce cri du cœur ne doit pas rester lettre morte. Il appartient aux autorités de faire la lumière sur cette disparition. La quête de vérité et de justice n’est pas seulement l’affaire d’une famille, mais celle de toute une société aspirant à la dignité et au respect de ses droits fondamentaux. Président Doumbouya, l’heure n’est plus aux promesses : elle est à l’action.
Saliou Keita