Conakry, 18 décembre — C’est dans une salle d’audience comble et sous haute tension que la Cour des Répressions des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) a rendu son verdict dans le dossier de l’ex-ministre de la Défense nationale, Dr Mohamed Diané. L’attente a pris fin ce mercredi après des mois de procédure judiciaire scrutée de près par l’opinion publique.
Un verdict lourd de conséquences
Aux alentours de 10 heures, le président de la Cour a prononcé la sentence tant redoutée : Dr Mohamed Diané est reconnu coupable des charges retenues contre lui, notamment détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux. L’atmosphère dans la salle s’est figée alors que la sentence était énoncée : cinq ans d’emprisonnement ferme et une amende de cinq milliards de francs guinéens.
Réparations civiles et saisies de biens
Sur le plan civil, la condamnation est tout aussi lourde. La Cour a ordonné à l’ex-ministre de verser 500 milliards de francs guinéens à l’État guinéen à titre de dommages et intérêts. En outre, elle a décrété la saisie de ses biens situés à Conakry et dans la préfecture de Kankan, ainsi que la confiscation de plusieurs millions de francs guinéens déposés dans diverses banques du pays.
Une détention qui remonte à mars 2022
Depuis son placement sous mandat de dépôt le 31 mars 2022, Dr Mohamed Diané était incarcéré à la maison centrale de Conakry, en attendant le dénouement de cette affaire emblématique de la lutte contre la corruption en Guinée. Ce verdict marque un tournant dans la croisade judiciaire contre les anciens dignitaires accusés de malversations économiques.
Une affaire qui divise
À l’extérieur du tribunal, les réactions sont partagées. Si certains saluent une décision exemplaire, d’autres dénoncent une justice sélective et politisée. « C’est un signal fort dans la lutte contre l’impunité », estime un militant de la société civile présent sur les lieux. « Mais il ne faut pas que cela masque d’éventuels règlements de comptes », prévient un observateur politique.
Alors que le rideau tombe sur ce procès, les regards se tournent désormais vers les procédures en appel qui pourraient redéfinir l’issue de cette affaire judiciaire retentissante.
Saliou Keita