Il n’a pas mâché ses mots. Depuis l’étranger où il se trouve en exil, Cellou Dalein Diallo est intervenu ce samedi 12 avril, par visioconférence, à l’occasion de l’assemblée générale de son parti, l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG). Une adresse musclée, une mise au point sans filtre, dans laquelle le leader de l’opposition a choisi de parler vrai — quitte à froisser.
Ceux qui abandonnent le navire ? Qu’ils aillent jusqu’au bout de leur logique.
Alors que plusieurs anciens fidèles de l’UFDG prennent leur distance, certains rejoignant même les rangs du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), Cellou Dalein assume : « Ceux qui sont fatigués de la lutte peuvent se reposer ou aller soutenir cette pratique liberticide. » Ambiance.
Un message clair aux ralliés du pouvoir
Dans son intervention, l’ancien Premier ministre n’a pas seulement dénoncé les départs de certains de ses compagnons de lutte : il les a assumés, presque souhaités. « Ils sont libres de partir », déclare-t-il d’un ton ferme, rappelant que l’UFDG reste un parti libéral, où la liberté de choix est sacrée. Mais sa liberté de ton, elle, ne laisse guère de place à l’ambiguïté : « Qu’ils nous laissent tranquilles. »
Derrière ce message, une profonde déception. Celle de voir d’anciens compagnons, qui hier encore dénonçaient avec véhémence les dérives du régime, changer de camp et d’argumentaire. « Ils ont, par leur discours, suscité l’adhésion. Aujourd’hui, ils soutiennent ce qu’ils condamnaient hier : les disparitions forcées, les morts suspectes comme celles du général Sadiba ou du Dr Dioubaté… »
« Nous ne sommes pas contre la junte, mais contre ses dérives »
Cellou Dalein refuse de se faire piéger dans une opposition de posture. Il ne s’attaque pas aux hommes, mais aux actes. « On a tendance à dire que l’UFDG est contre la junte. Ce n’est pas vrai. Nous sommes contre les pratiques liberticides qui privent les Guinéens de leurs droits fondamentaux. »
Il fustige une junte qui trahit ses engagements, muselle la presse, réprime les manifestations, tue les jeunes, et saccage les espoirs d’un véritable retour à l’ordre constitutionnel. La Charte de la Transition ? « Elle était bien rédigée. On l’a acceptée. Mais aujourd’hui, elle est piétinée par ceux-là mêmes qui l’ont imposée. »
Une ligne de fracture assumée
Dans ce contexte, Cellou Dalein semble tracer une ligne de démarcation claire entre les tenants de la lutte démocratique et ceux qui, par calcul ou lassitude, choisissent la voie du renoncement. Le combat continue, dit-il, pour la dignité, la liberté, et l’État de droit.
Son message est limpide : à ceux qui tournent le dos à l’idéal démocratique, la porte est grande ouverte. Mais qu’ils sachent qu’ils ne seront pas regrettés.
Par Marliatou Sall