Bientôt, Conakry deviendra bien plus qu’une capitale ouest-africaine. Elle deviendra la scène d’un événement symbolique et porteur d’espoir : la rencontre inédite des anciennes premières dames d’Afrique de l’Ouest. Non pas pour ressasser les souvenirs dorés du pouvoir, mais pour en dessiner les prolongements lumineux. Celles que l’on appelait jadis “épouses de chefs d’État” deviennent aujourd’hui les gardiennes d’un autre avenir, porteuses d’un message que seul le cœur d’une mère, d’une femme d’Afrique, pouvait murmurer avec autant de force et de douceur.
Le réveil silencieux de celles qu’on croyait en retrait
Longtemps, elles ont arpenté les couloirs feutrés du pouvoir, souvent dans l’ombre, toujours dignes. Mais l’Histoire, elle, a ses caprices : elle redonne parfois voix et lumière à celles qu’on croyait endormies. Ces femmes ne reviennent pas en conquérantes. Elles reviennent en éveillées, forgées par la douleur, la patience, la lucidité, et l’espoir.
« Il y a dans les pas des femmes une manière de soigner les blessures de l’Histoire. »
— Aminata Dramane Traoré
Libérées des carcans partisans, elles marchent vers Conakry avec la conviction que le développement, la paix et la dignité du continent ne peuvent se bâtir sans les femmes, et surtout sans leur voix expérimentée. Une voix façonnée par les sacrifices, les silences, mais aussi les joies d’avoir servi leurs peuples, parfois dans l’ombre, toujours avec une fidélité invisible.
Un sommet, mille chantiers de paix
Leur arrivée en Guinée n’est pas une cérémonie. C’est une déclaration d’intention, un pacte avec l’Afrique. Éducation, santé, autonomisation des femmes, préservation de la dignité des mères et des enfants, médiation dans les conflits : elles viennent porter un flambeau que trop d’États hésitent encore à brandir.
Elles savent, mieux que quiconque, que les guerres communautaires, religieuses ou frontalières ne se résolvent pas seulement par des résolutions de l’ONU, mais aussi et surtout par la voix maternelle de la paix, celle qui guérit les rancunes et réapprend aux peuples à se parler.
« Ce que les armes déchirent, parfois, une mère peut le recoudre. »
— Léopold Sédar Senghor
Un pacte avec la jeunesse
Conakry accueillera non seulement des mots, mais aussi des projets. Des ateliers de mentorat, des cercles d’écoute pour les jeunes filles, des plans pour renforcer les soins de santé dans les zones oubliées, des ponts entre générations. Là où certains voient des femmes “du passé”, elles se présentent comme des semeuses d’avenir.
Car la paix, pour être durable, doit être transmise. Et qui mieux qu’elles, survivantes élégantes des turbulences du pouvoir, pour enseigner le courage, la dignité, la persévérance ?
L’Afrique en miroir : une nouvelle unité se dessine
Dans une Afrique de l’Ouest secouée par les instabilités politiques, les coups d’État et les divisions, leur coalition devient un miroir inversé : non pas l’expression de la discorde, mais celle de la réconciliation.
Ces femmes n’attendent ni hommage officiel, ni tapis rouge. Leur reconnaissance, elles la cherchent dans les cœurs apaisés, dans les écoles rouvertes, dans les enfants vaccinés, dans les femmes entrepreneures. C’est là, dans ces petites victoires du quotidien, que naît leur véritable légende.
L’appel de Madam Fatmata Nippe Sow Momoh
À l’image d’un pèlerin, Madam Fatmata Nippe Sow prend le bâton du cœur et de la foi, sillonnant la sous-région pour rallier ses sœurs dans un même engagement. À travers villes et villages, de Dakar à Abidjan, de Bissau à Bamako, Lagos, elle tisse le fil invisible d’une fraternité féminine, transnationale, désintéressée, et résolument tournée vers l’humain.
« L’avenir appartient à ceux qui savent écouter les battements du cœur d’un peuple. »
— Nelson Mandela
Ce qui s’annonce à Conakry n’est pas une simple rencontre. C’est une aube, un chant discret mais profond, celui de femmes qui ont longtemps gardé le silence… et qui aujourd’hui, choisissent de parler pour tous.
Par Alpha Amadou Diallo