Reportage :
Lola, Guinée – Ce week-end, la place publique de Lola a vibré au rythme d’un meeting peu ordinaire. Officiellement venu pour sensibiliser sur le Recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC), le ministre du Budget, Facinet Sylla, a livré un discours aux accents électoraux, mêlant plaidoyer pour l’enrôlement et appel appuyé au soutien du général Mamadi Doumbouya.
Sous un soleil ardent et devant une foule nombreuse, le ministre n’a pas mâché ses mots. « Le président Doumbouya est un homme d’action. Quand il dit : je vais faire, il le fait », a-t-il lancé, visiblement décidé à convaincre. Puis, changeant de ton, il a insisté sur la jeunesse et la proximité du chef de l’État : « Il n’a que 45 ans. Il est très proche de vous, il connaît vos problèmes. C’est l’un d’entre vous, choisissez-le ! »
Mais au cœur de cette tournée reste un objectif administratif : l’enrôlement massif des citoyens dans le cadre du Programme national RAVEC. Pour Facinet Sylla, l’exercice est loin d’être anodin. « Vous ne vous enrôlez pas seulement pour le président. Vous vous enrôlez aussi pour vous-mêmes », a-t-il martelé, dressant un lien direct entre la taille de la population recensée et les investissements publics : écoles, hôpitaux, routes.
Devant les citoyens de Lola, le ministre a tenu un discours chiffré et imagé. « Si vous êtes seulement 10 000 ou 20 000 enregistrés, on vous traitera comme une petite ville. Or Lola est une grande ville. Sortez massivement », a-t-il exhorté.
Au-delà de la population, le message s’adressait aussi aux administrateurs du recensement. « Ne compliquez pas la vie des citoyens. Facilitez l’enrôlement. On se connaît ici. On sait qui est Guinéen et qui ne l’est pas », a-t-il souligné, appelant à la souplesse dans la délivrance des documents administratifs.
Alors que le processus du RAVEC se déroule sur l’ensemble du territoire, cette sortie du ministre du Budget marque une intensification de la campagne gouvernementale… mais aussi une politisation croissante du recensement. Pour Sylla, « s’enregistrer, c’est choisir la voie du développement », mais c’est aussi, selon ses propres mots, « préparer le terrain pour choisir, pas seulement le général Mamadi Doumbouya, mais aussi vos représentants à l’Assemblée nationale ».
Dans une région souvent oubliée des grandes infrastructures, l’appel semble avoir trouvé un écho. Reste à savoir si les habitants répondront à l’enrôlement avec autant d’enthousiasme qu’aux discours.
Michel Haba