Koundara, Guinée – L’alerte était sérieuse. Le soupçon pesant. Le choc, presque certain : 919 kilos de poudre blanche saisis dans un camion frigorifique, en provenance de la Guinée-Bissau, avaient tout d’une importante cargaison de drogue dure. Pendant quelques jours, la préfecture de Koundara a tremblé à l’idée d’être le théâtre d’une affaire de narco-trafic d’envergure. Mais le scénario a pris une tournure inattendue : il ne s’agissait finalement que de sel iodé, soigneusement dissimulé entre des sacs de noix de cajou.
Tout commence entre les 13 et 14 mai 2025. Les gendarmes de la brigade territoriale de Saréboïdo interceptent un camion de marque DAF, suspecté de transporter de la drogue. Le véhicule est stoppé, la fouille est minutieuse. À l’intérieur de congélateurs, 682 plaquettes d’une mystérieuse poudre blanche sont extraites et pesées : près d’une tonne au total.
La nouvelle circule rapidement. Dans la foulée, autorités judiciaires, administratives et forces de sécurité convergent vers les lieux. Face aux rumeurs enflant sur la nature supposée de la substance – de la cocaïne, selon certains –, le parquet de Koundara prend les devants. Dans un communiqué officiel rendu public le 19 mai, le procureur de la République, Patrice Koma Koivogui, fait le point.
« Face à ces soupçons, nous avons sollicité l’appui du Service central de police technique et scientifique et de la Direction de la justice militaire pour procéder à des tests sur place », explique-t-il.
Les premiers tests sont réalisés à la Compagnie de gendarmerie territoriale de Koundara, sous la supervision d’experts techniques et des autorités locales. Utilisant le réactif “Cyanato de cobalt”, recommandé par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), les résultats tombent : aucune trace de cocaïne.
Mais pour dissiper tout doute, un échantillon est envoyé au laboratoire de l’hôpital préfectoral de Koundara. Le verdict est sans appel : du sel iodé. Rien de plus.
« Le test a formellement identifié cette substance comme étant du sel iodé. Il n’y a eu, à aucun moment, de contact avec une drogue quelconque », a précisé le procureur.
Si la déception d’un coup pour rien se fait sentir chez certains enquêteurs, le procureur préfère saluer la réactivité et le sérieux des équipes mobilisées.
« Je félicite les forces de sécurité pour leur promptitude, et je remercie toutes les autorités pour leur implication. Cet épisode prouve que notre vigilance demeure totale face à toute forme de criminalité », a-t-il souligné.
Dans la région frontalière avec la Guinée-Bissau, réputée pour être un couloir de transit prisé des trafiquants de drogue, cette affaire rappelle à quel point la frontière est sous surveillance, mais aussi combien les apparences peuvent être trompeuses.
Saliou Keita