La décision de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) d’ordonner le transfert de l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana vers un centre spécialisé pour des soins médicaux soulève des interrogations sur l’équilibre entre justice et humanité. Si cette mesure semble répondre à des impératifs de santé, elle met aussi en lumière les limites du système carcéral guinéen.
Après une longue attente, marquée par des débats houleux et des expertises médicales contradictoires, la chambre de jugement de la CRIEF a finalement tranché. Kassory Fofana, incarcéré dans le cadre de poursuites pour malversations présumées, bénéficiera de soins médicaux dans un centre spécialisé, bien que la juridiction n’ait pas précisé l’établissement en question. Un flou qui suscite autant d’espoir que de préoccupations.
Pour Me Sidiki Bérété, avocat de l’ancien Premier ministre, cette décision est un pas en avant, même si des zones d’ombre persistent : « La Cour a ordonné qu’il soit soigné dans un centre approprié. Cependant, le nom du centre n’a pas été spécifié. Comme il n’y a pas de centre adapté en Guinée, nous allons soumettre une liste d’établissements prêts à l’accueillir. Il revient désormais au parquet de faciliter l’exécution de cette décision pour permettre à mon client de recevoir les soins nécessaires », a-t-il déclaré à la presse.
Au-delà du cas individuel de Kassory Fofana, cette situation met en exergue une question plus large : celle de la prise en charge sanitaire des détenus en Guinée. Le pays, confronté à des infrastructures médicales souvent défaillantes, peine à garantir des soins adéquats à ses prisonniers, surtout dans des cas médicaux complexes.
La justice guinéenne est donc face à un défi double : respecter les droits fondamentaux des détenus tout en affirmant son autorité. Le report du procès au 6 janvier 2025 offre un répit temporaire, mais il reste à voir si l’exécution de cette décision médicale sera effective et conforme aux standards internationaux.
L’opinion publique, divisée entre exigences de justice et considérations humanitaires, suivra de près ce feuilleton politico-judiciaire. Entre droit à la santé et rigueur judiciaire, le sort de Kassory Fofana devient un test symbolique pour l’appareil judiciaire guinéen. L’histoire jugera si la balance a su s’équilibrer entre le marteau de la loi et le souffle de l’humanité.
Algassimou L Diallo