Par un matin chaud de mai, les rues poussiéreuses de Lambanyi bruissent d’une activité inhabituelle. Le soleil, déjà haut, éclaire les files de citoyens venus se faire recenser. Au milieu d’eux, une silhouette bien connue fend la foule, entourée de quelques gardes et membres de son équipe : le Premier ministre Bah Oury en personne.
Un enfant le reconnaît.
« Maman, c’est le monsieur à la télé ! », s’écrie-t-il en tirant sur le pagne de sa mère.
Autour, quelques téléphones se lèvent. Les murmures s’intensifient.
vêtu d’un Lacoste bleu , le chef du gouvernement s’avance calmement vers les agents recenseurs, le regard déterminé. Il sourit, échange quelques salutations, puis tend sa carte d’identité.
Le bip discret du scanner retentit. Un clic d’appareil photo. Puis un silence respectueux.
« C’est un devoir civique », déclare Bah Oury en se tournant vers les journalistes rassemblés. Sa voix est posée, mais ferme. « Depuis plusieurs jours, le gouvernement, moi y compris, sillonne les régions. Nous sensibilisons, nous expliquons, nous mobilisons. Parce que ce recensement, ce n’est pas anodin. »
Un vendeur de beignets, curieux, tend l’oreille depuis son étal. Une femme murmure : « Au moins, il montre l’exemple… »
Sous un parasol bringuebalant, l’agent recenseur prend une pause rapide et glisse à un collègue :
“Tu imagines ? Le Premier ministre chez nous, là, à Lambanyi. Ce n’est pas tous les jours.”
Bah Oury poursuit, entouré de jeunes en gilets:
« Nous appelons tous nos compatriotes à se faire recenser sans tarder. C’est un acte fondamental. D’ici le 30 mai, nous voulons une base large, solide, pour établir des fichiers fiables. Pas uniquement pour les élections, mais pour tout l’appareil de l’État. »
Il marque une pause. Les feuilles bruissent, un léger vent soulève la poussière rouge du sol.
« Ce fichier, c’est la colonne vertébrale d’un État moderne. Il permettra une meilleure gestion de nos politiques sociales, économiques… Bref, de tout ce qui structure la vie publique. »
Le silence s’installe quelques secondes après ses mots. Puis un applaudissement discret part du fond de la foule. D’autres suivent.
Alors que Bah Oury quitte les lieux, une vieille dame, son reçu de recensement à la main, déclare fièrement :
« Aujourd’hui, on a été respectés. »
Abdoul Salam Diallo