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ACTUALITES- Modéré, mais décrié : la vision apaisée de Camara Laye sous le feu des critiques

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L'Indépendant by L'Indépendant
octobre 29, 2024
in ACTUALITES, CULTURE
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ACTUALITES- Modéré, mais décrié : la vision apaisée de Camara Laye sous le feu des critiques
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Aîné d’une fratrie de 12 enfants, CAMARA Abdoulaye, dit Laye, un malinké, est né le 1er janvier 1928, à Kouroussa, province de l’Anama, en Haute Guinée, dans le Haut plateau entre Siguiri et Kankan, d’une famille de forgerons, mais où cohabitent divers groupes ethniques (Peuls, Guerzès, Cognaguis, Manos, Soussous, Malinkés, etc). La Haute Guinée qui dépendait du Soudan, ne sera rattachée à la Guinée qu’à partir du 19 octobre 1899. C’est donc le pays du résistant, Samory TOURE (Voir mon article du 11 février 2020, dans Médiapart), le président guinéen, Sékou TOURE a dit Non au référendum du 28 septembre 1958, organisé par De GAULLE. La Guinée a été sous domination de l’Empire du Ghana du IVème au XIème siècle, puis de l’Empire du Mali du XIIIème au XVIIIème siècle.

Son  aïeul, Tabon-Wana Fan CAMARA serait un contemporain de Soundiata KEITA. Après des études coraniques, il est inscrit à l’école française et obtient le certificat d’études à Kouroussa. En dépit des réserves de sa mère, son père décide de l’envoyer poursuivre, au collège Poiret à Conakry, des études à caractère technique. Le jeune Abdoulaye voulait pourtant fréquenter le collège Camille Guy, ouvrant la voie royale des lycées de Dakar. Mais son oncle, Mamadou, le persuade que c’est le bon choix et qu’il valait mieux avoir un bon métier de technicien que de rester gratte-papier. Brillant élève, après l’obtention d’une bourse d’études, en 1947, le jeune Abdoulaye part en France pour étudier à l’École centrale d’ingénierie automobile à Argenteuil, dans la banlieue parisienne et obtient un certificat de mécanicien. Sa bourse étant suspendue, il est obligé de prendre des petits boulots, notamment à l’usine automobile de SIMCA en 1951, puis à la RATP et enfin à la Compagnie des compteurs à Montrouge. Parallèlement à cela, Abdoulaye poursuit des études au Conservatoire national des arts et métiers à Paris. Habité par le mal du pays, isolé, entre joie et déprime, Abdoulaye entreprend d’écrire les souvenirs de son enfance en Haute-Guinée. Marie-Hélène LEFAUCHEUX (1904-1964), qui s’intéresse à l’Afrique et aux débats sur l’Union française, le met en contact avec son frère, André POSTEL-VINAY (1911-2007), qui lui trouve un emploi à la Caisse centrale d’outre-mer et en 1955, d’attaché au Ministère de la Jeunesse ; il lui donne, auparavant, des contacts pour faire publier son manuscrit «L’enfant noir», chez Plon le 9 juillet 1953. Bien qu’il soit discret à ce sujet, probablement, CAMARA Laye a bien reçu des appuis du gouvernement français.

En 1956, CAMARA Laye retourne en Afrique, d’abord au Dahomey (Bénin), puis au Ghana. En 1958, à l’indépendance de son pays, il regagne la Guinée ; il est nommé le premier ambassadeur au Ghana. À son rappel en Guinée, il occupe différents postes dans l’administration, avant d’être nommé Directeur de l’Institut national de la documentation et de la recherche. En conflit avec l’orientation politique de Sékou TOURE, il est brièvement emprisonné, avant de s’enfuir, en 1960 vers la Côte-d’Ivoire de Felix HOUPHOUET-BOIGNY (1905-1993) et sera, à partir de 1965, réfugié au Sénégal de Léopold Sédar SENGHOR (1906-2001). Au Sénégal, à Dakar, il sera recruté à l’IFAN de Dakar, et rendra hommage à la tradition orale, à travers son livre, «Kouma, Lafôlo Kouma» ou la «Première parole», la plus ancienne, en racontant l’histoire de Soundiata KEITA, premier empereur du Mali.

I – CAMARA Laye et «l’enfant noir», l’Afrique des forces de l’esprit et de la tradition orale

«L’enfant noir», publié en 1953, à Paris, chez Plon, est avant tout un récit autobiographique, un brillant portrait de la culture africaine traditionnelle, dans un style simple, direct, vivant et alerte. Ce grand classique de la littérature africaine est celui d’un homme mûr qui se penche, à travers le temps et l’espace, sur son passé. Roman de jeunesse et de la vie d’un écolier en Haute-Guinée, tout commence dans son petit village, à Kouroussa, où la vie traditionnelle se déroule avec bonheur entre sa mère, son père forgeron, sa grand-mère, sa famille et ses amis. L’action de «L’Enfant noir» de CAMARA Laye débute lorsqu’une femme, désirant avoir un nouveau bijou pour assister à une fête religieuse, se rend chez un orfèvre, le père du narrateur. La femme et l’enfant sont captivés par la transformation de l’or en bijou et par le travail de l’orfèvre. L’épouse de ce dernier, par contre, pense que le travail de l’or nuit à la santé de son époux. On contemple la vie journalière aux champs, dans la forge et les rites de puberté. Le récit se termine, un plan de Paris en poche, dans l’avion qui l’emmène en France et qui l’éloigne durablement de ses proches clôturant ainsi définitivement son enfance. «On n’a pas oublié ce petit chef-d’œuvre, «l’Enfant noir», où un jeune écrivain de la Haute-Guinée, Camara Laye, faisait un étonnant début. Il y contait, dans la meilleure langue, la plus précise, la plus nuancée, la plus souple, les premiers souvenirs de sa vie africaine, la vie familiale et vénérée des siens, ses attaches profondes aux mœurs de sa tribu, et cela formait un saisissant contraste avec ce que Camara Laye nous apprenait de ce qui lui était advenu depuis» écrit Émile HENRIOT, en 1954, pour «Le Monde».

Doté d’un réel talent de conteur, «L’enfant noir» de CAMARA Laye est un roman du merveilleux, de l’Afrique des forces de l’esprit, des cultivateurs et des forgerons en Haute Guinée. Dans un contexte d’un Islam bien particulier car mâtiné d’animisme, on découvre, à travers un mystérieux petit serpent noir, le totem de la famille. L’âme de l’Afrique est bien logée en Haute-Guinée. Son père, CAMARA Kamady, un forgeron-orfèvre, doté de pouvoirs occultes, dialogue avec ce petit serpent lui rendant visite : «Quand il était à portée, mon père le caressant avec la main, et le serpent acceptait sa caresse par un frémissement de tout le corps ; jamais je ne vis le petit serpent tenter de lui faire le moindre mal. Cette caresse et le frémissement qui y répondait, me jetaient chaque fois dans une inexprimable confusion : je pensais à je ne sais quelle mystérieuse conversation ; la main interrogeait, le frémissement répondait. Oui, c’était comme une conversation» écrit-il dans «l’enfant noir». La mère, Daman Sadan, native de Tindican, fille d’un forgeron, est investie de pouvoirs surnaturels. «Ma mère puisait réellement l’eau du fleuve, sans que les crocodiles, les animaux les plus voraces de la création, songeassent à l’assaillir. Des génies peuplaient réellement l’eau, l’air, la terre, les savanes. Des génies qu’il fallait rendre secourables, à force de prières, de sacrifices et d’incantations», écrit-il. Sa mère, Daman Sadan, incarnant les vertus domestiques et morales, active, sans hâte, résignée sans veulerie, courageuse, discrète, efficace et présente sans ostentation, est le symbole d’une Afrique maternelle : «Femme noire, femme africaine, ô toi ma mère, je pense à toi. Toi qui me portas sur le dos, toi qui m’allaitas, qui gouvernas mes premiers pas. Toi qui, la première, m’ouvris les yeux aux prodiges de la terre, je pense à toi» écrit CAMARA Laye en dédicace à sa mère.

En rupture avec tous les écrivains africains de l’époque revendiquant, dans une démarche parfois pamphlétaire, l’indépendance, CAMARA Laye, épaulé par les Français et les Belges dans sa création littéraire et favorable au plan de De GAULLE de retarder les indépendances, lui, a décidé d’esquiver ces sujets épineux. Aussi, dans son roman «l’enfant noir», il décrit une Afrique-Nature, folklorique, stéréotypée, paisible, équilibrée, harmonieuse et bien ancrée dans ses valeurs traditionnelles, parfois mystiques. En éludant les sujets qui fâchent, notamment les luttes et guerres anticoloniales (Indochine, Algérie) ainsi que les massacres coloniaux (Camp de Thiaroye, Sétif, Madagascar), CAMARA Laye a été encensé par les Occidentaux, parfois sur un ton condescendant ou paternaliste : «L’acceptation tranquille et consciente du surnaturel dans la vie courante est ce qui frappe chez ce fils de la nature. Il se peut que l’un des plus détestables effets «du progrès» est de nous priver du sens auquel les primitifs et les simples demeurent en communication avec l’invisible», écrit Walter ORLANDO, dans «Le Phare» (Belgique) du 20 septembre 1953. Son refus de remettre en cause la colonisation a été apprécié par les critiques littéraires. «Tout est ici fondé sur ce qui rapproche, non ce qui divise. Ce jeune Malinké a bu avec le lait maternel, celui de l’humaine tendresse» écrit René HUYGUE dans le «Monde Nouveau», d’avril 1954. En effet, partagé entre plusieurs cultures, CAMARA Laye a bien vécu toutes ses différences : «C’est sans doute la plus grande surprise qu’apporte ce livre. Pour Camara Laye, ces questions ne se posent pas. Il fait confiance aux Blancs, mais rien de ce qu’il a appris d’eux, ne touche sa vie profonde. Il ne fait, dans son esprit, aucun tri, pour garder ou rejeter ; il garde tout, car si l’esprit a pu changer, l’esprit est resté le même», écrit Jean BLANZAT dans «Le Figaro Littéraire» du 6 mars 1954. Cependant d’autres ont reconnu les qualités littéraires de CAMARA Laye «On a apprécié l’enfant noir de Camara Laye, un de ces livres d’une fraîcheur incomparable, qui soudain trempée de rose, apparaissent, on ne sait comment, au milieu des décombres et des détritus de la littérature contemporaine. Avec étonnement, on voyait s’encadrer, dans une glorieuse galerie du folklore national, ce tableau d’une Guinée débonnaire et familière, peinte avec une plume naïve certes, mais très ferme et intelligente. Ce qui m’intéresse en ce Camara Laye, c’est ce guide vivant qui, en dehors de toute signification idéologique, nous conduit à travers la poésie et les réalités prestigieuses de l’Afrique noire, dans la pensée la plus simple et trouble des indigènes et leur prodigieuse sensualité» écrit André BERRY dans «Combat». Décrit comme aimable et modeste, son roman est une «leçon de politesse et une leçon d’invisible» écrit Max-Pol FOUCHET.

En dépit de ces éloges, parfois dithyrambiques, une voix discordante et tonitruante de Mongo BETI a lancé une charge violente contre cette option de CAMARA Laye, considérée comme une «littérature rose», en privilégiant le pittoresque, voire le fantastique ; ce qui lui a fait écrire «des sottises». Ce roman est un écœurant produit de «l’art pour l’art». Pour Mongo BETI, la seule réalité de l’Afrique à cette époque, c’est la revendication pour l’indépendance et la dignité des Africains. Par conséquent, un écrivain doit valoriser l’affirmation de soi : «Si l’écrivain manque de personnalité, il fera ce que lui demande le public. S’il a de la personnalité, il fera de la littérature selon son goût et ses propres conceptions. Savoir ce que le public français demande à un romancier africain est une autre question. Le romancier africain, qu’il soit blanc ou noir, écrit essentiellement pour le public français de la métropole, ce qui explique bien des choses. Aux yeux du colon et du bourgeois français, qu’est-ce donc que l’Afrique ? « Une réserve inépuisable d’hommes et de matières premières». L’on devine dès lors qu’une littérature africaine réaliste ne peut être du goût de ces messieurs-dames. Ils tâcheront donc d’étouffer dans l’œuf toute littérature réaliste africaine. Car, la réalité actuelle de l’Afrique Noire, sa seule réalité profonde, c’est avant tout la colonisation et ses méfaits» écrit-il.

Vivian STEEMERS parle, à propos de «L’Enfant noir» de CAMARA Laye, de «néocolonialisme littéraire». En effet, pour elle, tous les romans africains véhiculant une rhétorique anticolonialiste ont été fortement et énergiquement combattus par la Françafrique (Mongo BETI, Ahmadou KOUROUMA, Yambo OUOLOGUEM, Olympe BHELY-QUENUM). En revanche, CAMARA Laye, favorable aux intérêts des Occidentaux, décrivant une Afrique idyllique, a été épaulé dans ses romans par des écrivains belges et le gouvernement français et encensé par les critiques littéraires de ces pays. Pour Vivian STEEMERS ce phénomène de néocolonialisme littéraire «n’est pas prêt de disparaître». Si on veut percer, rapidement, en littéraire, il faut plaire et ne pas déranger le Maître.

Pour ma part, le fait d’être un partisan ou adversaire de la Françafrique, ne fait pas nécessairement de soi un bon ou mauvais écrivain. L’artiste doit avoir une belle plume et savoir raconter une histoire captivant le lecteur. S’il est engagé c’est encore mieux et CAMARA Laye a bien défendu les valeurs culturelles africaines. En fait, cette polémique soulevée par Mongo BETI n’était qu’un subterfuge, commercial, pour attirer l’attention des lecteurs chez l’éditeur Alioune DIOP, dira Daniel MAXIMIN, en octobre 2019, aux 70 ans de Présence africaine, à la Colonie, à Paris 10ème. En réalité, CAMARA Laye, ne voulait pas parler au nom de tous les Africains en général. Il avait seulement et uniquement l’ambition, dans le désarroi et la nostalgie de son pays, la solitude de l’exil, par une démarche thérapeutique, d’écrire ses souvenirs d’enfance, la savane verte et les visages du passé. Il avait envisagé d’intituler son roman «un enfant de la Haute Guinée», mais l’éditeur Plon, a, en 1953, un imposé à un autre titre, «l’enfant noir». En définitive, et de nos jours, ce roman, «l’enfant noir» devenu un livre incontournable, brosse divers thèmes notamment la relation entre l’Homme et Nature, dans son aspect pastoral, si elle est respectée, la Nature est source de paix, d’harmonie et d’amour. «Nous sommes, en Afrique, plus proches des êtres et des choses qu’on ne l’est en Europe, et pour des raisons qui n’ont rien de mystérieux. Nous menons simplement une vie moins agitée. Il y avait réellement des jeteurs de sort et des paroles pour conjurer les maléfices, une infinité de gris-gris pour se protéger, des choses sacrées qui disaient des choses cachées, des guérisseurs qui guérissaient réellement» dit-il à «Actualité littéraire» n°6, 1955.

 II – CAMARA Laye et le «Regard du Roi» un roman symbolique glorifié par Toni MORRISON, prix Nobel de littérature

Le second livre écrit, en 1954, par CAMARA Laye, «Le regard du roi», sans doute inspiré de Franz KAFKA, relate le voyage terrestre, symbolique de l’itinéraire spirituel du héros, Clarence, un Français. «Le Seigneur passera dans le couloir, regardera le prisonnier et dira : Celui-ci, il ne faut pas l’enfermer de nouveau ; il vient à moi» écrit KAFKA, dans «le Château».

Ce roman a été encensé par une partie des critiques littéraires : «Kafka revu par un Alain Fournier africain. Mais ce merveilleux, qui semble s’être assimilé d’emblée les secrets de la plus fine, la plus jolie prose française, ne cesse d’entendre les rythmes éternels de son pays. Il y a là comme l’annonce constante d’un chant, que psalmodient les troubadours noirs, les griots. C’est très savant, très concerté. C’est de l’art tout simplement» écrit Jean-Louis CURTIS dans «L’Art», du 11 janvier 1955.

Entre humour, mystère et mysticisme, débarqué à Adramé, une ville du Nord d’un pays imaginaire de l’Afrique de l’Ouest, Clarence rencontre différentes difficultés. «Le regard du Roi est un roman symbolique, un récit riche d’un noble sens, un sens tout évangélique, et harmonieusement conduit. Camara Laye a bâti son chef-d’œuvre, en utilisant le folklore de sa patrie, mais un folklore bien élevé au-delà du pittoresque facile. Seuil un Africain pouvait user du fonds héréditaire, avec ce constant bonheur et cette justesse infaillible» écrit «Les amitiés de la Louvière» de février 1955. Dans cette expédition initiatique, Clarence, arrivé avec ses certitudes, va subir une transmutation ; il va murir profondément, psychologiquement et spirituellement, dans son chemin le menant à l’enfant-roi, symbole du Dieu Suprême. Le héros meurt dans le cœur du Roi. «Pour la première fois, on met en scène un blanc dans une position très désobligeante. Il est réhabilité, dompté par l’Afrique et ça ne passe pas. Et je peux comprendre les Africanistes européens parce que moi, en tant qu’Africain, je sais ce que ça veut dire que d’être mis en scène toujours dans un statut, dans une position très désobligeante. On vit avec. Mais qu’on le fasse aux blancs, c’était inacceptable. C’est l’une des raisons qui fait que ce livre gêne», écrit Boniface MONGO-MBOUSSA.

Cependant, «Dramouss» est d’un style radicalement différent de celui «l’enfant noir» (1953), un roman symbolique, a été considéré comme une trahison littéraire. Cela a donc suscité des interrogations sur la paternité de ce livre. Pour Adèle KING, une de ses grandes biographes, qui lui est favorable, «le regard du roi» serait écrit un ami, un riche héritier homosexuel belge, un criminel de guerre, Francis SOULIE, un chroniqueur à différentes revues, sous le pseudonyme de Gilles ANTHELME. Adèle KING ajoute aussi que quatre fonctionnaires français aux Nations Unies ont aidé CAMARA Laye dans la rédaction du «regard du roi». Francis SOULIE, bien introduit dans les cercles littéraires parisiens, avait hébergé, un certain temps, CAMARA Laye et sa première épouse, Marie LOROFI au 15 rue Molière, à Paris 1er. La polémique «Regard du Roi» commence à enfler en 1981, lorsque l’universitaire belge Lilyan KESTELOOT (Voir mon article du 28 août 2022, sur Médiapart), installée au Sénégal et proche de SENGHOR, révéla que CAMARA Laye lui avait confié que ce roman «avait été écrit par un Blanc». Cette rumeur persistante est alimenté par le contenu de roman : l’image de l’Afrique que peint son auteur était trop mythique pour être crédible, en contradiction totale avec celle dessinée dans un autre classique de l’écrivain, «L’enfant noir». Daniel DELAS évoque «la supercherie du «regard du roi de Camara Laye» et souligne «Publier sous son nom un texte qu’on n’a pas écrit n’est pas un plagiat, puisque le véritable auteur est consentant voire demandeur, c’est une forme de supercherie. «Le Regard du roi» qui, comme on dit dans un langage codé, déconcerte la critique et dont il semble aujourd’hui quasi prouvé qu’il n’a pas été écrit de sa main. Révéler l’imposture aurait jeté le discrédit sur toute la jeune littérature africaine d’expression française, encore fragile, et pour des raisons de convenance d’autre part : la situation de l’écrivain guinéen à la fin de sa vie était mauvaise et c’eût été cruel d’ajouter à ses malheurs» écrit Daniel DELAS.

Finalement, dans son enquête, Adèle KING, «Rereading Camara Laye», a disculpé le Guinéen ; il a seulement été encouragé et aidé, dans la rédaction de son autobiographie d’enfance, par Aude JONCOURT, une professeure en littérature. C’est une tradition littéraire, l’éditeur, ici Plon, notamment Robert POULET, corrige les manuscrits de ses auteurs. C’est, en réalité, Toni MORRISON (Voir mon article du sur Médiapart) qui donnera ses lettres de noblesse dans une introduction magistrale à ce roman «Camara Laye, non seulement a convoqué un vocabulaire imagiste sophistiqué et entièrement africain pour lancer une négociation discursive avec l’Occident, mais il a exploité avec finesse technique les images mêmes qui ont servi les écrivains blancs pendant des générations. L’auberge crasseuse où vit Clarence, le protagoniste, pourrait être reprise mot pour mot par «Mister Johnson» de Joyce Cary ; la susceptibilité et l’obsession des odeurs se lisent comme un jeu de mots sur «The Flame Trees of Thika» d’Elspth Huxley ; sa fixation européenne sur le sens de la nudité rappelle H. Rider Haggard ou Joseph Conrad, pratiquement dans tous les récits de voyage» écrit-elle, en 2001, dans «The Radiance of the King». C’est ma traduction approximative de ce texte en anglais.

C’est un roman de la rédemption, entre rationalisme et mysticisme, le personnage de Clarence, manœuvré par un mendiant roublard et livré comme, à une très misérable exploitation de sa personne, avant d’être mystiquement lavé de ses impuretés involontaires et récompensé de ses épreuves. Dans cette satire parodique et pleine d’allégories, de métaphores de la traite des noirs, un saut dans l’inconnu, Clarence, réduit à l’impuissance dès son arrivée en Afrique par son manque d’argent et sa désorientation, devient la proie facile d’un mendiant noir. Descendu dans un hôtel, se croyant chanceux, après le vol de son portefeuille, il en est chassé. Dorénavant, comme tout effort de sa part s’avérerait inefficace, démuni, il pense devoir recourir au secours d’autrui, celle du Roi, renonçant ainsi à sa liberté et à la responsabilité de ses actes. Mais le Roi disparaît avant qu’il n’ait eu l’occasion de lui parler ; il va donc s’abandonner aux bons soins d’un mendiant, mais une faveur se paye ou se mérite. Mais c’est quoi la responsabilité morale, si l’on a plus de choix ?

Par conséquent, la vie de Clarence devient une longue attente du Roi qui viendra et portera son regard sur lui : «Le regard, rien que le regard, et tout serait dit. Tout !», écrit-il. Dans ce chemin de croix, désespéré, Clarence veut mourir. La vie de l’homme peut certainement se comparer à bien des égards à un séjour indéfini en prison, un enclos spirituel où l’âme, accablée de péchés, obsédée par des tentations, limitée par les imperfections et les faiblesses de l’individu, est empêchée de prendre son essor. Le voyage deviendrait alors le symbole de la transformation de cette âme qui s’interrogerait en se repliant sur elle-même. Dieu seul, détermine la longueur du voyage, la durée de l’emprisonnement. La liberté est la récompense suprême octroyée, par lui, à celui qui a conscience du Mal qu’il a fait acte de contrition. Contrairement à Franz KAFKA (1883-1924), les Africains rejettent l’absurdité de la vie, le désespoir ou le suicide. Clarence devant donc apprendre à se connaître en Afrique pour sa rédemption doit aller de l’ignorance au savoir, de l’impureté à la pureté. Dans cette quête, Clarence est invité à la tolérance, à la persévérance, cette volonté qui sous-tend la progression vers le Roi, une perfection partant vers Dieu, symbole du noble mystère de l’Amour.

III – CAMARA Laye et son «Dramouss», un hymne à la Liberté, une dénonciation des régimes monarchiques et dynastiques africains

En 1966, le roman

«Dramouss» reprend l’autobiographie, au moment où CAMARA Laye est devenu un adulte en France, un temps de l’innocence, en raison de son éloignement de la Guinée. Cependant, le héros du roman, Fatoman, prend deux semaines de congé et rentre au pays. Au cours d’une nuit blanche, il revoit, par la mémoire involontaire, son séjour en France. En raison de l’influence de son expérience en France, il prend conscience de la dictature que sévit son pays et entreprend de la dénoncer et de la condamner. «Dramouss» explore deux thèmes majeurs : l’acculturation et la lutte pour la liberté, contre l’oppression, et en particulier du régime de Sékou TOURE.

«Darmouss», tout d’abord, comme dans «l’aventure ambiguë» de Cheikh Hamidou KANE, un conflit de cultures «Au contact avec l’Occident, le Négro-Africain est formé comme le métropolitain de sa classe, selon les méthodes occidentales, au nom de principes occidentaux, pour devenir, auprès de ses congénères, le messager de l’Occident» écrit Thomas MELONE. Au carrefour de cultures française, animiste et musulmane, CAMARA Laye veut rester lui-même «La culture c’est le résultat d’un double effort d’intégration de l’Homme à la nature et de la nature à l’Homme» écrit Léopold Sédar SENGHOR. Fatoman, doté de l’intelligence, du bon sens et de la volonté, qui voulait servir son pays, découvre que l’Occident s’est imposé aux Africains par les armes à feu, mais aussi par l’école et ses effets d’acculturation, une colonisation mentale. Il craint de perdre son patrimoine culturel africain, ses coutumes ancestrales.

«Darmouss», c’est ensuite, une confrontation de son héros, Fatoman, à une crise des valeurs sociales, la société guinéenne ayant perdu son âme dans la modernité ; les valeurs traditionnelles se délitent. «Le monde bouge, le monde change et le mien, peut-être, plus rapidement que tout autre !» écrivait déjà CAMARA Laye dans «l’enfant noir». La société guinéenne est également confrontée à une crise des valeurs culturelles. Dans une société dictatoriale, l’art s’appauvrit pour ne devenir qu’un objet de divertissement, utilitaire et commercial, à des fins touristiques. «La vengeance du ciel nous menaçait. D’où le pourrissement commençant de notre vie artisanale et de notre vie sociale, d’où le braillement frénétique que je venais d’entendre, et ces rugissements de maisons de fous, au moyen desquels on prétendait éduquer une société qui ne demande qu’à manger et à vivre en paix» écrit-il. C’est donc une grave profanation de la dimension mystique et sacrée de l’art africain : «Le mystère et le pouvoir ne sont plus là où ils étaient. C’est qu’ils commencent à se dissiper au contact des idées nouvelles» écrit CAMARA Laye.

Quand il était jeune, CAMARA Laye admirait Sékou TOURE (1922-1984), un nationaliste, qui n’était ni socialiste, ni capitaliste. «L’occident a apporté ce qu’il a de précieux, c’est-à-dire, la langue française et la langue anglaise. Ce sont la deux merveilleux outils qui doivent pouvoir nous permettre de réaliser notre promesse, la promesse que nous avons faite au reste du monde en prenant nos indépendances respectives : assimiler  et non être assimilés, la promesse de sortir L’Afrique de la faim, et enfin la promesse de faire connaitre nos civilisations particulières» écrit-il en 1963, à Dakar. Aussi, en 1958, le jeune CAMARA Laye veut servir son pays, nouvellement indépendant, en manque de cadres : «Il n’y a pas longtemps, la Guinée comptait très peu de cadres (or, il nous en faut beaucoup), parce que la formation de ceux-ci dépendait du bon vouloir de la puissance coloniale, laquelle faisait tout pour maintenir la majeure partie du peuple dans un état permanent d’analphabétisme ou de demi-ignorance. Nous sommes heureux aujourd’hui de constater que notre ville commence, elle aussi, à fournir des cadres valables à notre pays. Nous avons l’honneur et la joie d’accueillir parmi nous un de nos frères, Fatoman, revenu de Paris» dit un cadre du Parti, dans «Dramouss». D’autres Africains, comme le jeune poète, David Mandessi DIOP (voir mon article du 28 octobre 2018, dans Médiapart) étaient venus s’engager aux côtés de Sékou TOURE, mais déçus, sont vite repartis.

Comme le héros, dans «Dramouss», CAMARA Laye, un partisan de la coopération avec la France, découvre, le régime du Parti unique répressif de Sékou TOURE. Maintenant réfugié au Sénégal, avec sa famille, «Darmouss» est violent réquisitoire contre le régime de Sékou TOURE et tous les régimes autocratiques. En effet, Fatoman, qui avait idéalisé son pays pendant son séjour en France, de retour en Guinée, découvre, avec effroi, la violence et la répression qui se sont abattus sur le peuple guinéen «Chose étrange, je n’avais senti et compris combien j’étais un homme divisé. Mon être, je m’en rendais compte, était la somme de deux «moi» intime : le premier, plus proche de mon sens de la vie, façonné par mon existence traditionnelle d’animiste faiblement teinté d’islamisme, enrichi par la culture française, combattait le second, personnage qui, par amour pour la terre natale, allait trahir sa pensée,en revenant vivre au sein de ce régime. Un régime qui, lui aussi, trahirait sans aucun doute, tout à la fois le socialisme, le capitalisme et la tradition africaine. Cette espèce de régime bâtard en gestation, après s’être fait soutenir par l’Église, par la Mosquée et par le Fétichisme, renierait Dieu après son triomphe. Il avait commencé à museler les populations naïves de Guinée», écrit-il. En effet, le dictateur Sékou TOURE, désigné dans «Dramouss» par le sobriquet de «Gaillard», a quadrillé le pays entier par d’innombrables comités afin de régenter et manipuler le peuple, contre un complot hypothétique. «Le R.D.A. veut la fraternité franco-africaine et combat le colonialisme, ainsi que ses fantoches, instruments du colonialisme. Je veux parler des réactionnaires du B.A.G. Respectez ces réactionnaires (ennemis de notre mouvement) au cas où ils se tiennent tranquilles. S’ils feignent de méconnaître la force de notre Parti, appliquez les consignes : mettez

les saboteurs hors d’état de nuire, incendiez leurs cases. Et alors, justement intimidés, ils ne se mettront plus en travers de l’évolution harmonieuse de notre pays. (…) Le premier ennemi de l’homme est l’homme lui-même. La vie et la mort de notre peuple se trouvent en lui-même. La mort de chacun de nous se trouve en chacun de nous», dit un responsable du Parti, dans «Dramouss».

Par conséquent, toutes les belles promesses, qui, jadis, avaient mobilisé le peuple guinéen, dans sa lutte pour l’indépendance, ont été trahies : «Il n’y a pas de dignité sans liberté. Nous préférons la liberté dans la pauvreté, à la liberté dans l’esclavage. L’indépendance est à la disposition des Guinéens», avait dit le 2 septembre 1958, Sékou TOURE, dans sa campagne pour le Non au référendum DE GAULLE du 28 septembre 1958. En effet, dans un grand machiavélisme et cynisme, le Parti unique, contrôlant tout, est une courroie de transmission de sa propagande, de ses mensonges et de ses instrumentalisations, afin de mieux excuser ou occulter ses méfaits. Fatoman, questionné par un Responsable du Parti, s’insurge contre ces crimes que personne n’ose dénoncer : «Il faudra, un jour, que quelqu’un dénonce tous ces mensonges. Il faudra dire que si la colonisation, vilipendée par ce comité, a été un mal pour notre pays, le régime que vous êtes en train d’y introduire sera, lui, une catastrophe, dont les méfaits s’étendront sur des dizaines d’années. Il faudra dire qu’un régime qui se bâtit dans le sang, par les soins des incendiaires de cases et de maisons, n’est qu’un régime d’anarchie et de dictature, un régime fondé sur la violence, et que détruira la violence. La violence que vous êtes en train d’instaurer dans ce pays sera payée par chacun de vous et plus encore par les innocents. Il faudra surtout, pour bâtir une société viable, plus d’actions concrètes et honnêtes, moins de discours, plus de respect de l’opinion d’autrui, plus d’amour fraternel» écrit-il dans «Dramouss».

En définitive, ce roman, «Dramouss», un puissant hymne à la liberté, est une création littéraire prophétique qu’un jour viendra, où la Guinée sera libre. Le personnage de Fatoman, contrairement à Samba Diallo, dans «l’aventure ambiguë» de Cheikh Hamidou KANE, qui avait choisi le suicide, a préféré l’exil intérieur. On sait, par la suite, que Sékou TOURE, victime de tout de même de quatre attentats manqués à partir du Sénégal, et qui criait à longueur de journée, «à bas l’impérialisme», est mort en 1984, aux États-Unis. La visite président Valéry GISCARD D’ESTAING (1926-2020, voir mon article) avait rétabli les relations franco-guinéennes : «Il s’agit de célébrer la réconciliation de la Guinée et de la France, de rechercher, ensemble, les voies d’une coopération favorable à la Guinée et à la France. Je veux vous dire, avec joie profonde et sincère, la France et la Guinée, qui, voici 20 ans, s’étaient perdues, se sont aujourd’hui retrouvées. La vocation de la Guinée m’apparaît comme celle de l’indépendance. Vous avez rencontré des difficultés et de nombreux obstacles, vous les avez surmontés. Vous offrez le spectacle d’un pays qui, la tête haute, s’apprête à s’engager dans une nouvelle phase de son histoire» dit le 21 décembre 1978, au Stade du 28 septembre. Mais le pays reste encore secoué par des dictatures militaires et Alpha CONDE, un formidable opposant, n’a pas tenu ses engagements, une fois au pouvoir du 21 décembre 2010 au 5 septembre 2021. L’Afrique serait-elle maudite ?

«Dramouss» refuse cet afropessimisme ; CAMARA Laye dans son optimisme ouvre une lueur d’espoir et d’espérance. La «Révolution» guinéenne étant trahie par le Parti unique de Sékou TOURE, la Guinée est devenue un peuple en guenilles, affamé et entouré par une haute muraille. Cependant, Fatoman a vu, en rêve, qu’un jour viendra le «Lion noir» calme, ne rugissant pas, libérera sa Guinée natale,: «Les forêts sacrées, les biens spoliés, étaient restitués à leurs propriétaires; la famine le cédait à la prospérité, l’illégalité à la légalité, la barbarie à la civilisation. Et la vie, qui avait été pour nous jadis, un mélange de tristesse, d’absurdité et d’angoisse, était redevenue toute de joies et de rires. Je contemplais ma Guinée, guidée avec sagesse par le Lion noir, l’héroïque et sage Lion noir. Et je découvrais qu’il n’était pas seul ; je constatais que le peuple de ses frères l’accompagnait dans son ascension merveilleuse vers le soleil; et vers cette extraordinaire source de lumière, vers le progrès; tous embarqués sur un même esquif, passagers solidaires, promis au même port», écrit-il. Cela me fait songer à une citation d’un éminent poète français : «Même la nuit la plus sombre prendra fin et le soleil se lèvera», écrit Victor HUGO.

CAMARA Laye est mort le 4 février 1980, à Dakar, au Sénégal, à l’âge de 52 ans, des suites d’une longue maladie, d’une néphrite et de l’hypertension, dit-on consécutives à un empoisonnement dans les prisons de Sékou TOURE. Sa femme, Marie LOROFI, une métisse dont le père, le docteur Henry LOROFI, un Corse, lui a donné sept enfants. «Elle était métisse, très claire de teint, presque blanche en vérité ; à mes yeux, elle était belle comme une fée ! elle était douce et avenante, et de la plus admirable égalité d’humeur» dit-il de sa femme. En 1970, Marie était rendre visite à son père qu’on disait mourant en Guinée et sera emprisonnée par Sékou TOURE pendant sept ans, au sinistre Camp Boiro. À sa libération, Marie, une catholique, découvre que CAMARA Laye, pendant son absence, s’était remarié à une Sénégalaise, originaire de Vélingara, Ramatoulaye KANTE, une infirmière qui le soignait ; ils ont eu trois enfants. Marie LOROFI demande et obtient le divorce.

Amadou Bal BA avec leverificateur.net

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