Conakry, mai 2025. Il y a un an jour pour jour, la presse guinéenne vivait un tournant brutal. Le gouvernement, par le biais du ministère de l’Information et de la Communication, ordonnait la fermeture de trois groupes majeurs de médias : GFM, Hadafo Media et Djoma Media. Motif avancé : non-respect des cahiers de charges. La décision, alors largement critiquée, fut assumée avec fermeté par les autorités.
Un an plus tard, le climat semble s’être adouci. Ce 19 mai 2025, dans l’enceinte d’une rencontre à tonalité solennelle, le Premier ministre Bah Oury est revenu sur cet épisode qu’il qualifie de « divorce consommé » … mais désormais dépassionné.
« Pratiquement, ça fait un an jour pour jour que nous avions divorcé. Le divorce est consommé. Mais je me réjouis aujourd’hui que les torts ont été justement rétablis. Le temps permet parfois de régler beaucoup de conflits. Ce n’est pas à chaud qu’on règle les problèmes », a-t-il confié, presque philosophe.
Face à un parterre d’acteurs du monde médiatique, Bah Oury évoque « l’esquisse d’une nouvelle forme de presse » en Guinée, portée par une génération émergente, plus nuancée, plus variée. Un discours teinté d’optimisme, qui laisse entrevoir une ouverture… voire un retour possible des médias fermés ?
« Le temps de la raison est venu », poursuit-il. « Il faut faire émerger de nouvelles dynamiques, non pas imposées par l’administration, mais voulues par les acteurs eux-mêmes, pour une presse capable d’évoluer en bonne intelligence avec les institutions. »
Dans la salle, les mots font écho à un sentiment partagé : celui d’un apaisement progressif, après des mois de crispation. Le Premier ministre parle d’un climat « d’acceptation » et constate que le paysage médiatique s’est transformé.
« Ceux qui pensaient pouvoir accaparer tout l’espace médiatique doivent accepter cette nouvelle réalité. Aujourd’hui, plusieurs médias sont présents sur Canal+, des jeunes talents émergent avec une approche plus professionnelle et moins partisane. »
Un signal pour la HAC
Du côté de la Haute Autorité de la Communication, le ton est également conciliant. Boubacar Yacine Diallo, son président, assure que les revendications des associations de presse et du syndicat seront entendues – à condition, dit-il, que la presse guinéenne « fasse sa renaissance ».
Alors que les discussions se poursuivent en coulisses, cette journée marque peut-être le début d’un lent rapprochement entre l’État et les médias privés. Une chose est sûre : le temps, comme le souligne le Premier ministre, a commencé son œuvre.
Moussa Aziz Camara