Dakar, Sénégal – Une brise de renouveau souffle sur les relations entre la Guinée et le Sénégal. Après dix-sept longues années de silence diplomatique, les deux voisins ouest-africains viennent de poser un jalon historique : la signature de quinze accords de coopération dans les domaines cruciaux de l’éducation, des infrastructures, du commerce et de la sécurité frontalière. Un prélude prometteur avant la 7ème grande commission mixte prévue dans la capitale sénégalaise.
Dans les salons feutrés d’un grand hôtel dakarois, l’émotion était palpable. Délégations guinéenne et sénégalaise ont affiché une unité retrouvée, presque fraternelle, dans une atmosphère empreinte de respect et d’optimisme. Pour Morissanda Kouyaté, ministre guinéen des Affaires étrangères, cette rencontre dépasse la simple signature de documents.
« Il est incompréhensible que nous ayons attendu 17 ans pour nous parler véritablement, alors même que nos dirigeants se croisaient chaque année à l’ONU, à la CEDEAO ou à l’Union africaine sans jamais se concerter en voisins », déplore-t-il, avant de saluer un tournant historique : « C’est pourquoi nous devons rendre hommage à nos deux chefs d’État. Cette décision incarne une volonté nouvelle : celle de replacer l’amitié, la fraternité et la coopération au cœur de nos priorités. »
Cette volonté s’ancre dans des visions à long terme. D’un côté, le Référentiel Sénégal 2050, qui trace les ambitions économiques et sociales du pays de la Teranga. De l’autre, le programme Simandou 2040, une vision stratégique guinéenne articulée autour de l’exploitation de ses ressources naturelles et de son capital humain.
« Nos ressources sont complémentaires. Nos peuples sont liés par l’histoire, la culture et la géographie. Aujourd’hui, nous avons su traduire cette proximité en actions concrètes », s’est réjoui Morissanda Kouyaté. « Nos instruments juridiques ont été négociés dans l’allégresse, dans la joie et le respect. Ce sont les prémices d’un avenir commun radieux. »
Au-delà des mots, cette coopération renforcée vient aussi répondre à des défis contemporains. Dans un monde en perpétuelle mutation, où les équilibres géopolitiques sont remis en question, Dakar et Conakry entendent parler d’une seule voix.
« La Guinée et le Sénégal partagent une lecture commune des bouleversements sociopolitiques mondiaux. Cette entente se reflète dans les contacts étroits entre nos chefs d’État. Ensemble, nous portons une même vision panafricaine : celle d’un développement intégré et endogène pour l’Afrique », affirme le chef de la diplomatie guinéenne.
Ce rapprochement marque donc bien plus qu’un simple exercice diplomatique. Il incarne un réveil de la conscience régionale, une alliance stratégique entre deux pays qui entendent désormais marcher côte à côte vers l’avenir. La Guinée, riche de ses ressources et forte de sa jeunesse ambitieuse, y joue un rôle central.
Alors que la grande commission mixte s’annonce à Dakar, un souffle d’espoir traverse la sous-région. En misant sur le dialogue et la complémentarité, la Guinée confirme sa place comme moteur d’intégration et d’innovation en Afrique de l’Ouest.
Abdoul Chaolis Diallo