Après une tournée diplomatique de plusieurs jours en Afrique centrale et de l’Est, le président de la transition guinéenne, le Général Mamadi Doumbouya, est rentré à Conakry ce jeudi 8 mai 2025. Un déplacement à forte portée symbolique et politique.
C’est sous les applaudissements mesurés d’un dispositif officiel bien huilé que le Général Mamadi Doumbouya a foulé de nouveau le sol guinéen ce jeudi après-midi. Parti pour une mission diplomatique qui l’a conduit successivement au Rwanda et au Gabon, le chef de l’État a conclu une séquence internationale marquée par des enjeux de coopération régionale et de légitimation du processus de transition en Guinée.
À l’aéroport international Ahmed Sékou Touré de Conakry, la scène était digne des grands retours présidentiels. Une délégation composée de hauts gradés des forces armées, de membres du gouvernement, de diplomates accrédités à Conakry et de représentants des institutions internationales attendait le président de la transition. Fidèle à ses habitudes, le Général Doumbouya, vêtu de son costume noir, est descendu de l’avion présidentiel avec son habituel calme martial.
Après avoir passé en revue les troupes alignées sur le tarmac, il a salué les personnalités présentes avant de se diriger vers le pavillon présidentiel, d’où il devait poursuivre son programme de retour.
Cette tournée intervient à un moment crucial pour la transition guinéenne. Alors que les pressions s’intensifient sur le respect du chronogramme convenu avec la CEDEAO, Mamadi Doumbouya semble vouloir s’appuyer sur une diplomatie de proximité entre pays dirigés par des régimes militaires, ou en transition, pour consolider sa stature régionale et contourner certaines critiques.
Une diplomatie de convergence entre transitions militaires
Le voyage du président Doumbouya au Rwanda et au Gabon n’était pas une simple formalité protocolaire. Au Rwanda, il a eu des échanges avec le président Paul Kagame, dont le modèle de stabilité post-crise et de discipline étatique fascine certains dirigeants africains. Des discussions ont porté sur la coopération en matière de sécurité, de formation militaire et de gouvernance institutionnelle.
Au Gabon, sa participation à l’investiture du Général Brice Oligui Nguema a illustré une forme de solidarité entre chefs de transitions militaires. Ces alliances régionales, bien que tacites, visent à renforcer le poids politique des juntes au sein des instances africaines, dans un contexte où la CEDEAO et l’Union africaine peinent à imposer une ligne claire sur la question des transitions prolongées.
Ce positionnement stratégique pourrait permettre à la Guinée de mieux défendre son calendrier de retour à l’ordre constitutionnel, tout en tissant des partenariats sécuritaires et économiques alternatifs en dehors du cadre classique de la coopération occidentale.
Saliou Keita