Conakry, 16 avril 2025 – Le verdict très attendu dans le procès d’Ibrahima Kourouma, ancien ministre de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation (MEPUA), n’a finalement pas été rendu ce mercredi. La Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) a décidé de renvoyer la décision au 7 mai prochain, prolongeant l’attente des deux principaux accusés dans cette affaire de détournement présumé de fonds publics.
Ibrahima Kourouma, incarcéré depuis avril 2022, est poursuivi pour enrichissement illicite et détournement de deniers publics en lien avec sa gestion au sein du MEPUA, sous le régime d’Alpha Condé, déchu en septembre 2021. Il comparaît aux côtés de Mohamed V. Sonkhon, ancien directeur administratif et financier du même ministère, poursuivi pour des faits similaires.
Sur le parvis du tribunal, l’attente s’est muée en colère contenue du côté de la défense. Interrogé par le reporter d’Africaguinee.com, Maître Alamamy Samory Traoré, avocat d’Ibrahima Kourouma, n’a pas mâché ses mots :
« Je vais faire une mise en garde parce que toute décision qui sera dictée, sera dénoncée », a-t-il averti, en pointant du doigt une forme de justice préfabriquée au sein de la CRIEF.
L’avocat accuse la chambre de jugement de suivre à la lettre les réquisitions du parquet spécial, comme ce fut le cas, selon lui, dans les procès d’autres anciens hauts responsables tels que Kassory Fofana, Amadou Damaro Camara ou encore Dr Mohamed Diané.
« On a l’impression que les peines ont été dictées ailleurs, le parquet donne l’information et le juge entérine. Nous mettons en garde contre cette systématisation du prononcé des peines concernant les mêmes », a dénoncé Me Traoré.
Dans un climat judiciaire tendu, cette sortie musclée relance le débat sur l’indépendance de la CRIEF, souvent accusée par les défenseurs des anciens dignitaires d’être un instrument politique de règlement de comptes. En attendant le prochain rendez-vous judiciaire du 7 mai, les regards restent braqués sur cette institution au cœur de la traque contre la corruption.
Aziz Camara