Édito :
En Guinée, des milliers de citoyens vivent encore sans identité légale. Sans acte de naissance, sans carte d’identité, sans reconnaissance officielle. Invisibles pour l’État, exclus de nombreux droits. C’est à cette injustice que la ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Emploi, Aminata Kaba, a décidé de s’attaquer — non pas depuis les bureaux feutrés de Conakry, mais sur le terrain, au plus près des oubliés de la République.
De Sinko à Doukouréla, en passant par Beyla, Nionsomoridou ou encore Sokourala, la ministre a sillonné les zones enclavées du pays avec un seul mot d’ordre : « Se faire recenser, c’est accéder à ses droits de citoyen ». Un message clair, direct, martelé sans relâche. Car derrière le jargon administratif du PN-RAVEC (Programme National de Recensement Administratif à Vocation d’État Civil), c’est une question de dignité qui se pose.
À chaque étape de sa tournée, Aminata Kaba a écouté — vraiment écouté — les doléances des populations : lenteurs administratives, manque d’informations, absence de centres d’enregistrement. Elle n’a pas esquivé. Elle a promis des solutions. Et surtout, elle a tendu la main. C’est rare, en politique, et cela mérite d’être souligné.
À Beyla, comme ailleurs, son discours a trouvé un écho. Les notables, les femmes, les jeunes l’ont accueillie comme l’une des leurs, porteuse d’un combat commun : celui de rendre enfin effectif le droit à l’identité. Un droit fondamental, sans lequel tout le reste vacille : accès à l’école, à la santé, à la citoyenneté.
Cette campagne, au-delà de la technique, est une opération de rattrapage démocratique. Une bataille pour sortir des millions de Guinéens de l’ombre institutionnelle. Une condition sine qua non pour bâtir une nation moderne, inclusive, où chaque vie compte.
Reste à espérer que les promesses entendues sur le terrain se traduiront, à Conakry, en décisions concrètes. Car se faire recenser, ce n’est pas seulement exister pour l’État. C’est commencer à peser dans la République.
Mohamed Traoré