Paris, France — Le président de la Haute Autorité de la Communication (HAC) de Guinée, Boubacar Yacine Diallo, a effectué une visite de travail ce mardi à Paris, où il a été reçu par Martin Ajdari, le tout nouveau président de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM). Cette rencontre, à la fois cordiale et stratégique, intervient dans un contexte politique crucial pour la Guinée, à l’approche de possibles échéances électorales et référendaires.
Installés dans les salons feutrés du siège de l’ARCOM, au cœur de la capitale française, les deux hauts responsables ont abordé en profondeur les pistes de coopération entre leurs institutions respectives. Un dialogue d’experts, mais aussi de partenaires confrontés à des défis similaires : garantir un espace médiatique libre, responsable et respectueux des règles du jeu démocratique, en particulier en période électorale.
Une dynamique de renforcement institutionnel
En ouvrant les échanges, Boubacar Yacine Diallo a tenu à saluer la récente nomination de Martin Ajdari à la tête de l’ARCOM. Une manière de marquer le respect protocolaire, mais aussi de poser les bases d’une collaboration qu’il souhaite durable et structurée.
« Je suis venu féliciter le président Ajdari pour sa nomination, mais aussi pour réaffirmer notre volonté de collaborer activement avec l’ARCOM, notamment dans le cadre des processus électoraux que la Guinée s’apprête à engager », a confié le président de la HAC à la sortie de l’entretien.
Parmi les propositions concrètes discutées figure l’envoi, dans les prochains mois, d’une mission de commissaires guinéens en France. Objectif : permettre à ces régulateurs de s’imprégner des bonnes pratiques françaises en matière de régulation des médias lors de référendums ou de campagnes électorales complexes. Cette demande a été reçue avec un intérêt manifeste par l’ARCOM, dont le président s’est engagé à l’étudier « avec grande attention ».
Partage d’expériences et enjeux démocratiques
Si les contextes politique et médiatique diffèrent entre la Guinée et la France, les deux hommes ont souligné l’importance de partager les expériences, dans un monde où la régulation audiovisuelle est soumise à de nouvelles pressions : explosion des réseaux sociaux, désinformation, polarisation des opinions.
En Guinée, où les tensions politiques peuvent se traduire par des débordements dans les médias, la HAC est confrontée à un défi majeur : garantir la liberté d’expression tout en assurant la paix sociale. D’où l’intérêt d’un partenariat renforcé avec une institution comme l’ARCOM, riche de décennies d’expérience dans le domaine de la régulation, y compris numérique.
« Nos institutions partagent une responsabilité commune : celle de préserver l’intégrité de l’espace public médiatique, surtout en période électorale. C’est pourquoi ce dialogue est essentiel », a estimé un conseiller présent lors de la rencontre.
Une coopération ancrée dans la francophonie
La rencontre a également permis aux deux présidents d’évoquer le rôle stratégique du Réseau Francophone des Régulateurs des Médias (REFRAM), dont leurs institutions sont membres actifs. Ils ont convenu de conjuguer leurs efforts pour dynamiser cette plateforme, en encourageant davantage d’échanges multilatéraux et en soutenant la formation des cadres issus des pays francophones.
Dans une époque marquée par la montée des populismes et des défis technologiques en matière de communication, cette alliance entre la HAC et l’ARCOM vise à renforcer les capacités des régulateurs francophones à faire face aux nouvelles menaces pesant sur l’espace médiatique.
Une visite discrète, mais riche de perspectives
Sans tambour ni trompette, cette visite s’inscrit dans une logique de diplomatie technique et institutionnelle. Mais derrière la discrétion, l’enjeu est de taille : contribuer, à travers des mécanismes de régulation solides, à la consolidation des processus démocratiques en Afrique, et plus particulièrement en Guinée, où les prochaines échéances politiques s’annoncent décisives.
Le président de la HAC regagne Conakry avec un carnet de contacts étoffé, mais surtout une feuille de route claire : professionnaliser davantage la régulation des médias guinéens, pour que ceux-ci deviennent de véritables acteurs de paix et de cohésion, dans un environnement politique encore fragile.
Amadou Diallo