Par-delà les discours sur la modernisation des médias, une réalité s’impose : la presse guinéenne ne peut plus se permettre de rester en marge de la révolution technologique. C’est dans cet esprit que l’AGUIPEL et l’AGUIDUTEL unissent leurs forces pour initier une série de formations sur l’usage de l’intelligence artificielle dans le journalisme. Un virage salutaire, sinon vital.
Du 5 au 6 mai prochain, un atelier intensif réunira journalistes de tous horizons – presse écrite, médias en ligne, radios, télévisions, web TV – pour leur offrir une immersion dans les outils numériques de demain, déjà omniprésents ailleurs. Le 7 mai, une conférence-débat à l’université Koffi Annan de Conakry viendra prolonger la réflexion, sous le thème : « L’appropriation de l’intelligence artificielle par les professionnels des médias : Outils, Défis éthiques et Meilleures pratiques ».
À l’heure où l’IA redéfinit le traitement de l’information, rester passif revient à choisir l’obsolescence. Amadou Tham Camara, président de l’AGUIPEL, ne mâche pas ses mots : « L’intelligence artificielle est un formidable outil pour qualifier le journalisme, améliorer la rigueur du traitement de l’information et répondre plus rapidement aux attentes des lecteurs. » Pour lui, cette formation vise à combler un vide critique dans les rédactions guinéennes, où l’IA est encore trop souvent perçue comme un gadget futuriste plutôt qu’un levier stratégique.
Mais comprendre l’outil ne suffit pas. Il faut aussi en mesurer les risques. Oumar Camara, du cabinet Efficience Global, qui dirigera les sessions de formation, insiste sur l’approche pratique : cas concrets, échanges sur les défis du terrain, et sensibilisation aux dérives potentielles comme la désinformation et les biais algorithmiques. Car l’IA, si elle permet de gagner du temps et d’optimiser la productivité, n’est pas neutre. Elle pose des questions éthiques fondamentales.
Le message est clair : il est temps que la presse guinéenne entre de plain-pied dans le XXIe siècle. Non pas en sacrifiant l’humain au profit de la machine, mais en apprenant à faire de l’intelligence artificielle une alliée, un amplificateur des compétences journalistiques, et non une menace pour l’éthique ou l’emploi.
Dans un pays où l’accès à une information fiable est encore un défi quotidien, équiper les journalistes des bons outils n’est pas un luxe. C’est une urgence démocratique.
Fatimatou Diallo